L’esprit et la démarche :
Le jeune enfant est de plus en plus entouré de bruit : à la maison, dans la rue, dans les magasins… Ce « fond sonore » excessif agit directement sur ses comportements. On note ainsi une diminution de sa sensibilité et de son aptitude auditive, un manque de concentration, de grandes difficultés à fixer son attention. Trop souvent associé à l’image, le son n’est plus perçu que comme accessoire d’accompagnement privé de sens. Cette priorité de l’image amenuise progressivement l’aptitude de l’enfant à entendre et à écouter. Il est donc indispensable de prévoir dans la vie de la classe des moments d’écoute qui, s’ils ne sont pas la propriété exclusive de l’éducation musicale, s’appuient le plus souvent sur le monde sonore et les œuvres musicales et visent au développement : · des capacités auditives · de la culture musicale (en complément de la « culture banale » véhiculée par notre environnement sonore) · de la sensibilité et de l’affectivité. |
« On n’entend pas avec les oreilles mais avec le cerveau » E. LEIPP |
Affiner la perception :
A l’écoute d’un conte, d’une séquence de bruits divers, d’une musique, l’enfant fera appel aux mêmes attitudes de concentration et d’attention afin d’aboutir à la compréhension du maximum de choses. L’écoute d’une œuvre musicale, au-delà de cette description objective imposera une prise en compte de la façon dont ces choses vivent. En cela, l’audition active n’est pas seulement une analyse -affaire de spécialiste – mais un moyen de pénétrer la musique et de participer à son déroulement. (De part son approche moins théorique, l’amateur parvient souvent, mieux que le « musicien » à sensibiliser un jeune public.) La recherche puis l’emploi d’un vocabulaire sonore (dont on constatera qu’il emprunte souvent des termes d’action, d’espace, de couleur) permettra à l’enfant d’expliciter ce qu’il perçoit. L’association du geste, le graphisme et le codage seront autant d’outils favorisant le développement de cette attitude d’ouverture et d’activité. |
« Entendre est habituel à tout être dont le système auditif est intact ; écouter et surtout écouter sans le support de l’image devient un acte tout à fait anti-naturel » M. ABADIE – L’enfant dans l’univers sonore Edition Colin Bourrelier
Ces moments ne s’enfermeront pas trop vite dans ce qui est convenu d’appeler » musique « . La découverte de l’environnement sonore ou de bandes sonores de film contribue également à cette éducation |
Eveiller le goût :
Ainsi l’enfant passera-t-il d’une appréhension intuitive des éléments sonores à une compréhension logique : en maîtrisant petit à petit le code dont on l’a doté, il deviendra détenteur d’un certain langage qu’il pourra réinvestir. C’est cette compréhension qui engendrera un plaisir sensoriel, affectif, une émotion esthétique et enfin, une joie intellectuelle.
Développer la mémoire :
Par le retour régulier de ces moments d’écoute est créé un véritable bain sonore à partir duquel se constituera une mémoire musicale. Ce capital culturel utilisé avec méthode provoquera chez l’enfant une écoute de plus en plus riche, élargira son champ auditif et contribuera au développement de sa curiosité artistique qui, face une musique inconnue, étrangère, l’emportera face au rejet.
Organiser la pratique d’écoute d’œuvres en classe
Les œuvres musicales peuvent trouver place dans bien des occasions de la vie scolaire : comme support à une danse, à une évolution, pour évoquer une époque, un personnage, un pays, une tradition, un instrument… Si les musiques proposées dans ce cadre contribuent, par leur richesse et leur variété, à la création de ce « bain sonore » dont nous avons parlé, elles ne sauraient suffire : il faut aller plus loin en plaçant les enfants en situation d’observation face à une œuvre, centre de la séance d’écoute active.
Dans ce cadre, l’action de l’enseignant aura pour objectif :
1. de provoquer chez l’enfant une écoute plus riche
2. d’évaluer la qualité de cette écoute
d’en réinvestir le résultat dans d’autres activités (sonores ou non).
Progression et choix des œuvres
Il n’existe ni « musique pour enfant », ni progression allant du plus simple au complexe! Afin d’être bien perçus, les extraits proposés devront être clairs, courts et choisis parmi tous les styles, tous les genres, toutes les origines et toutes les époques en prenant en compte le caractère pluriethnique de beaucoup de classes et, pourquoi pas, l’impact des médias.
Remarque à propos de la musique descriptive : |
La seule démarche consiste à aider progressivement l’enfant à structurer les formes les plus courantes et à élargir son champ auditif |
Contrôler l’écoute :
· Utiliser le geste Nous avons déjà insisté sur ce point, il est impératif de provoquer, pendant l’audition, une activité qui montre que l’enfant écoute activement. L’association du mouvement à la musique est spontanée chez l’enfant. A chaque élément sonore (pulsation, tempo, timbre, hauteur…) correspondent de nombreuses réponses corporelles. Au-delà du simple accompagnement de la musique, le geste musical permet d’apprendre à exprimer par son corps les éléments sonores perçus; c’est aussi une façon de vivre la musique. · Utiliser le graphismeLe graphisme ne doit être envisagé que comme le prolongement et la trace laissés par le geste. Il offre ainsi une réponse plus concrète que l’acte éphémère qui a permis sa création et permet le codage, le stockage ou la comparaison des événements sonores. · Jeux d’imitation et de reproduction · Verbaliser |
On n’hésitera pas à utiliser de petites percussions dans cet accompagnement de la musique.
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